1 décembre 2022
Le financement est un élément essentiel dans toutes les opérations de M&A, en particulier dans le domaine des LBOs, et constitue un facteur important des valorisations.
À l’heure actuelle, les sociétés qui cherchent à racheter des entreprises en ayant recours à un financement par des tiers, ou à faire appel à un sponsor financier minoritaire ou majoritaire, doivent faire face à des coûts de financement plus élevés et à des valorisations plus faibles. Cette situation s’explique par la persistance d’un climat macroéconomique instable dû à l’inflation et au conflit russo-ukrainien, la combinaison de ces éléments entraînant une hausse des taux d’intérêt. L’ensemble de ces facteurs a un impact direct sur le marché du M&A.
Après avoir atteint de nouveaux sommets en 2021, le marché mondial des M&A a été confronté à de nombreux défis. L’un des principaux problèmes est le doublement du coût de la dette, qui est passé de 2-2,5 % à 5-6 % en seulement cinq mois, une situation à laquelle le marché n’a pas été confronté ces dernières années.
D’après Mathieu Lemesle, associé chez Translink Corporate Finance en France, le M&A dans le monde sont doublement touchées par l’augmentation du coût du financement et les problèmes d’effet de levier qui en découlent, ainsi que par les préoccupations concernant le service de la dette pour les sociétés faisant l’objet d’un LBO.
Ces contraintes empêchent les prêteurs de financer les opérations d’envergure, généralement celles qui dépassent 500 millions d’euros, et empêchent les entreprises de s’engager dans des LBO. « C’est ce que nous appelons le double punition, d’où la difficulté accrue de trouver un financement pour conclure une opération », ajoute-t-il. Le segment inférieur du marché, pour les transactions inférieures à 250 millions d’euros en valeur d’entreprise, reste à ce jour plutôt protégé, quelques financements étant encore disponibles malgré ces conditions de marché très différentes.
Mathieu Lemesle explique qu’il existe trois facteurs qui influencent le coût du financement. Dans le meilleur des cas, ces trois facteurs placent aujourd’hui le coût de la dette à 4,5 %, mais en réalité, il se rapproche de 6 %. Étant donné que les charges financières augmentent alors que les flux de trésorerie des entreprises restent les mêmes, il est très difficile de conclure des opérations dans le contexte économique actuel :
- L’indice européen, EURIBOR 3 mois, qui a longtemps été à 0 %, voire en dessous, se situe maintenant entre 1,6 et 1,8 %.
- Par ailleurs, il faut prendre en compte le coût de la banque, appelé marge, qui est resté constant à 1,7 – 2,2 %.
- Les taux d’intérêt fixes ou variables sur les prêts jouent désormais un rôle clé dans le coût du financement. Plus que jamais, les taux variables sont considérés comme trop risqués compte tenu de l’instabilité du marché actuel, et le coût de l’échange de la dette ou d’une partie de celle-ci contre un taux fixe est extrêmement élevé.
Dans certains secteurs comme l’éducation, les TMT ou les services financiers qui génèrent des flux de trésorerie élevés et dont les revenus sont souvent très récurrents, les entreprises sont toujours en mesure d’obtenir un financement par emprunt. Dans les secteurs qui nécessitent davantage d’investissements et qui ne peuvent donner que très peu de visibilité à l’entreprise à l’avenir, il est devenu extrêmement difficile d’obtenir un bon effet de levier étant donné ces augmentations de coûts rapides et défavorables.
Selon Mathieu Lemesle, ces défis pourraient signaler un point de rupture s’ils persistent l’année prochaine, alors que le gonflement des valorisations devra quoiqu’il arrive s’adapter au coût de la dette et à sa rareté. Il ajoute que l’année 2023 est encore très incertaine et que l’on n’a pas une idée claire de ce que sera la situation, notamment si l’inflation se stabilisera ou non.
D’après Mathieu Lemesle, en ce qui concerne les valorisations, les opérations qui sont sur le point d’être conclues par Translink en France n’ont heureusement pas été affectées, car elles ont été initiées bien plus tôt cette année. Les projets de M&A qui démarrent maintenant risquent toutefois d’être profondément affectés par cette hausse des coûts et par son effet boule de neige sur les valorisations.
Heureusement, Translink Corporate Finance en France a réussi à maintenir une bonne exposition aux LBO, qui représentent environ 30 % de ses opérations. Au cours des dernières années, Translink CF France a acquis une expertise pointue en matière de financement par emprunt et a exploité toutes les possibilités disponibles sur le marché.
Outre la dette senior qui est principalement offerte par les banques commerciales, le marché français est irrigué par des fonds de dettes privées qui proposent de nouveaux instruments financiers, non dilutifs, pour les petites et moyennes entreprises. Au cours des trois dernières années, ces nouveaux venus sont devenus des acteurs clés du marché.
Translink CF France a eu l’occasion, à plusieurs reprises, d’utiliser ses services pour optimiser la structure des opérations (par exemple avec le LBO III entre Destia et Siparex, le MBO entre Foliateam et SGCP ou l’acquisition de Jean Martin par Aquasourca).
À l’avenir, il est clair que la structuration du financement, fut-elle pour des LBOs ou des acquisitions, nécessitera une compréhension approfondie des moteurs et des attentes des marchés concernant la dette senior et la dette privée. Grâce à son expérience avérée en matière d’opérations de LBOs réussies, Translink CF France est parfaitement positionnée pour tirer le meilleur parti de la situation au bénéfice de ses clients.